02 Avr Les faux débats des éditorialistes

« Les moyens en place »

L’ensemble des médias « dominants », « visibles », eux-mêmes tombés dans la logique de « parts de marché », feignent de déplorer la vacuité d’une campagne présidentielle qu’ils manipulent et orientent pourtant eux-mêmes.

Devenus désormais annonceurs, rapporteurs d’événements, les voilà pour une grande majorité d’entre eux volontaires ou contraints à la cause d’une fabrique d’opinion toute dédiée à la pensée unique du seul principe capitaliste des groupes qui les emploient.

Groupe Lagardère : (EADS – Matra)

Europe1/ RFM / Virgin radio / Mezzo / Gulli / Groupe MCM / JDD / Paris Match / France Dimanche / Elle / Télé 7 Jours / Psychologie Mag / Groupe Hachette / Groupe Hatier / Ici Paris / Le Monde (17%) / Télérama

Groupe Rothschild :

Le Nouvel Observateur / Libération / Challenges / Sciences et Avenir.

Groupe Dassault:

Le Figaro / L’Express / L’Expansion / L’Entreprise / Mieux Vivre Votre Argent / L’Etudiant / Valeurs Actuelles

Groupe Boloré:

Direct 8 / Havas / SFP / Direct star / Direct matin en partenariat avec Le Monde / Institut de sondage CSA (40%) / 12 licences WiMax sur le territoire français.

Groupe LVMH-Bernard Arnault :

les Echos / Investir Mag / Radio Classique / Connaissance des Arts / La Tribune / Carrefour

Groupe Bouygues :

TF1 / LCI / TV Breizh / Histoire / NT1 / Eurosport / Métro / TMC

Groupe Francois Pinault :

Le Point / FNAC

Tous ces dirigeants d’entreprises, présents pour la plupart dans les cotations boursières du CAC40, possèdent ainsi la majorité des médias de la presse et de l’audiovisuel.

Ils entretiennent tous des relations « étroites » ou plus larges avec des représentants politiques :

– Hubert VEDRINE et Bernadette CHIRAC au conseil d’administration de LVMH

– Nicolas BAZIRE (Radio Rouen 1982 / conseil d’administration de LVMH et témoin de mariage de Sarkozy / Conseil municipal de Bourvil 76 en 2008 / cité dans l’affaire Karachi)

– Martin BOUYGUES, le plus proche ami personnel de Sarkozy

– Jean PEYRELEVADE : Administrateur du groupe Bouygues et soutien actif de

François Bayrou

– Bernard ARNAULT : témoin de mariage de Sarkozy / invité du Fouquet’s en 2007

– Alain MINC : Le Monde / VINCI (jusqu’en 2007) / Direct 8 / ami de Sarkozy, …et de tout le monde.

– Nicolas de TAVERNOST : président de M6 / ami de Sarkozy

– Arnaud LAGARDERE : témoin de mariage de Sarkozy

  1. Vincent BOLORE : ami de Sarkozy / l’ami « africain » de Michel Rocard

D’autres journalistes, du secteur public audiovisuel, dont les présidents de chaînes

sont nommés par le président Sarkozy, seront eux aussi en lien direct avec le monde de la finance et de la politique.

En effet, sur base de cooptations, certains d’entre eux se voient par exemple invités dans le « Cercle des Siècles », réunissant une fois par mois place de la Concorde, femmes et hommes politiques en cours de mandat ou non, dirigeants de grandes entreprises, journalistes, écrivains, économistes…

Ce mélange des genres nous aide peut-être à mieux entendre ce que nous n’entendrons pas, à envisager ce que nous ne lirons pas, à moins d’une recherche personnelle d’informations du côté de réseaux plus alternatifs, vers une autre presse écrite, française ou étrangère, vers d’autres chaînes d’informations télévisuelles par abonnement Internet par exemple.

Des Dénominateurs Communs

Quelle étrange « chose » que cette campagne présidentielle, d’emblée vidée depuis des mois, du contenu de son premier tour !

Comment ne pas relever l’acharnement grossier de ces médias, à nous imposer

quotidiennement la seule alternative entre un capitaliste bleu azur et un avenir économico-financier rose et libéral ?

Il existe des dénominateurs communs à ces deux élus par le monde de la finance, que sont le président sortant et le représentant du parti socialiste :

1/ le président sortant et le parti socialiste consultent tous deux les mêmes économistes :

– Martine AUBRY prête une écoute attentive à l’économiste « Strauss-Kahnien » Daniel Cohen, proche de la banque d’affaire LAZARD, membre du conseil de surveillance du Monde, et considéré par Alain MINC comme le meilleur économiste de France.

– François HOLLANDE, en fera de même en s’entourant des conseils de Jean-Hervé

Lorenzi (Conseiller du Groupe Rothschild), ou de ceux d’Elie Cohen (lequel siège au Conseil d’Analyse Economique qui réunit des banques telles que Société Générale, Crédit Agricole, HSBC)

  1. Fer de lance PS de l’ultra-libéralisme, l’entité DSK, lorsqu’il était responsable du FMI, soucieux de mettre en oeuvre à l’échelle planétaire une logique économique qui ne sera pas une seule fois de « gauche ».

2/ Pour chacun des deux candidats Hollande et Sarkozy, il n’y a d’autre alternative à la finance…,

…que le monde de la finance, libéralisation et pouvoir des lobbies.

Ils porteront l’un et l’autre la bonne parole du « OUI » au traité de constitution européen, devenu par décision unilatérale et non consultative, traité de Lisbonne en décembre 2007.

3/ Après cinq années d’un pouvoir présidentiel basé entre autre, sur une logique de « pilotage à vue », et dans le sens du vent, le candidat du parti socialiste ajoute en vertu de cette même méthode un peu d’idée de gauche au fur et à mesure de l’ascension du Front de Gauche dans les sondages.

« Donner à entendre » vs. « Entendre être comblé »

Pendant que le représentant du Front de Gauche donne à entendre,

François HOLLANDE se remplit des murmures de la rue.

La vacuité de propositions politiques du parti socialiste, l’absence d’un réel projet de société depuis ces vingt dernières années, hormis celui d’un propos libéral au service de la finance…

(Cf Gouvernement Bérégovoy / Jospin-DSK,

qui vont inaugurer une période de privatisation

plus dense en 5 ans de pouvoir que ce que ne fit la droite en 10 ans)

…tout ce vide, nourri à coups de « Think Tank » Terra Nova, demeure encore bien présent jusqu’en cette même période d’élection présidentielle.

L’idéal socialiste naît au lendemain des viagra sans ordonnance

guerres napoléoniennes, d’une révolte morale face à un ordre industriel qui prend peu à peu le pouvoir.

Trois composantes fondatrices :

– critique d’un système social utilitariste et déshumanisant (Manchester : Engels)

– critique de la prolétarisation des travailleurs sous dépendance des détenteurs du capital (Marx)

  1. critique d’un principe économique qui concentre une part des richesses produites, et qui va accroître l’inégalité sociale.

Le parti socialiste français, et plus largement européen, a tout bonnement abandonné les deux premiers principes fondateurs de cet idéal.

Considérant le troisième point, ce mouvement politique l’a aujourd’hui réduit à cette seule régulation des excès du système libéral.

Pas plus, il n’osera trouver dans les urgences de notre société, les préoccupations écologiques liées à la course productiviste du principe libéral, pourtant à l’origine de la destruction des ressources naturelles, ce sur quoi est étayé le propos capitaliste.

Comment à partir d’un tel constat d’abandon de ses principes fondateurs, d’errance

intellectuelle, de désoeuvrement politique par abdication morale, s’obstiner à faire croire à la très docile opinion publique que le parti socialiste porté par François HOLLANDE véhiculerait encore des idées de gauche ?

C’est bel et bien là, l’oeuvre et la force du pouvoir de la finance.

Par allégeance des représentants socialistes à la finance, celle ci a fait main basse sur le pouvoir médiatique, en même temps que sur les fondamentaux socialistes, en les éradiquant.

Réduire l’idéal de gauche

à la seule régulation des excès du système libéral

Le parti socialiste propose-t-il d’augmenter les salaires ? :

…non, et pourtant les médias dominants le désignent comme un parti de gauche.

Le parti socialiste propose-t-il, dans une période économique exceptionnellement grave comme celle entretenue actuellement, de taxer à 90 % les revenus du capital ?

…non, et pourtant les médias dominants le désignent comme un parti de gauche.

Le parti socialiste propose-t-il de supprimer les parachutes dorés ?

…non, et pourtant les médias dominants le désignent comme un parti de gauche.

Le parti socialiste propose-t-il de mettre le secteur bancaire sous contrôle des citoyens ?

…non, et pourtant les médias dominants le désignent comme un parti de gauche.

Le parti socialiste propose-t-il que l’éducation, la santé, l’énergie, la distribution de l’eau (bien commun universel), les transports ne soient pas ouverts à la concurrence privée?

…non, et pourtant les médias dominants le désignent comme un parti de gauche.

Le parti socialiste propose-t-il que les logements vides soient réquisitionnés au profit des sans abris et des mal logés ?

…non, et pourtant les médias dominants le désignent comme un parti de gauche.

Le parti socialiste propose-t-il que travailleurs sans papiers soient régularisés ?

…non, et pourtant les médias dominants le désignent comme un parti de gauche.

Le parti socialiste propose-t-il que la spéculation financière soit assimilée à un délit ?

…non, et pourtant les médias dominants le désignent comme un parti de gauche.

Le parti socialiste propose-t-il au nom de l’équité fiscale, que les entreprises du CAC40 soient imposables aux mêmes taux que ceux appliqués aux PME ?

…non, et pourtant les médias dominants le désignent comme un parti de gauche.

Le parti socialiste utilise-t-il dans son vocabulaire des occurrences telles que “Ouvriers”, ou “Lutte des Classes” ?

…non, et pourtant les médias dominants le désignent comme un parti de gauche.

Le parti socialiste, qui accueille les deux plus grands “privatisateurs du monde”

( D.S.K. / Pascal LAMY)  s’est il empressé de quelconques remontrances à tonalités

anti-libérales auprès du FMI et de l’OMC  ?

…non, et pourtant les médias dominants le désignent comme un parti de gauche.

Des voleurs de débats politiques.

“Au service des groupes financiers, une seule urgence :

que rien ne change

et les dividendes des actionnaires seront bien gardés”

Les moyens mis en oeuvre pour cela :

– Empêcher toute forme de débat de fond, au risque de permettre à l’opinion de se

remettre à penser.

  1. Pire encore, puisque ces éditorialistes vont caricaturer à outrance ces mêmes principes fondateurs de l’idéal de gauche réintroduits dans la campagne du Front De gauche, quand ils n’en rapportent même pas les faits.

A noter la différence en terme d’occurrences médiatiques

entre le troisième homme de 2007,

et le troisième de 2012

– Cette belle énergie à empêcher toute présentation de « profession de foi » d’un

candidat, quel qu’il soit, au profit d’une demande de positionnement au second tour des présidentielles.

– S’interposer à la ré-appropriation d’un idéal de gauche, idéal aux antipodes d’une

soumission psychologique de masse en place depuis des années, au moyen de la peur de l’autre, de la défiance, du tous contre tous, avec les dérapages que tout cela implique :

– « Rom » (Sarkozy, Grenoble juillet 2011)

– viande Hallal (Guéant, février 2012)

– français musulmans (Sarkozy, mars 2012)

– action militaire dans les cités (Toulouse, mars 2012)

– appauvrissement de la langue française (La « méprisance », Sarkozy mars 2012)

Donner à penser la pensée unique,

celle d’un capitalisme forcené

Où sont les temps de paroles qui permettront aux candidats, à tous les candidats, de présenter leurs propositions d’un choix de société ?

A la place, des questions en abondance…

sur la personnalité de chacun d’entre eux,

sur les résultats des sondages,

des interviews « flash », avec des réponses « flash »,

sur les consignes de vote pour le second tour,

avec qui le candidat fera-t-il alliance ?,

le nom du « meilleur capitaine pour la France »…,

quand ils ne demandent pas tout bonnement et directement aux huit autres, leur choix entre Sarkozy et Hollande !

Et encore au-delà, jusqu’à l’anecdote matinale quotidienne et en trois minutes, y compris sur les ondes du services public.

L’information vidée de son sens au profit d’une logique de spectacle et d’encarts publicitaires.

Des journalistes qui font écran à la politique, volontaires ou acculés au conformisme d’une pensée unique, en pensant user d’impertinence.

Paresse, bavardages, illusions de pouvoir, douceur du vide, ils ont été nourris au même robinet, formés dans les mêmes écoles, des clones à l’infini…

Des produits manufacturés en nombre, issus des écoles de l’ENA, de « Sciences Po. » ou des Nouvelles Universités d’enseignement de l’économie, peu ou prou, déjà privatisées de fait, et sponsorisées par la finance…

(cf. les disparités de moyen entre ESC Toulouse et ESC Paris,

l’une semblant plus « adroite » que l’autre !)

…lesquels produits deviendront par la suite, et selon une répartition indifférenciée, interne et collégiale, tantôt économistes, personnages politiques, ou journalistes-éditorialistes.

Pendant ce temps,  » la campagne fait rage  »

…aucune question sur la santé, l’agriculture, l’éducation, la culture, l’habitat, ces éléments déterminants d’un choix de société, un choix qui disparaît peu à peu du libre arbitre des consommateurs endoctrinés.

Sous la férule du vide, la confiscation du principe démocratique, et la dépossession du sens critique.

Alexandre RASSE

Musicien

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